Huo Yuanjia rêve depuis sa plus tendre enfance de se consacrer aux arts martiaux. L'opposition de son père, lutteur réputé, ne fera que renforcer sa détermination : Yuanjia décide d'apprendre les techniques de combat par ses propres moyens et se lance dans un entraînement intensif avec pour partenaire son ami Nong Jinsun...
Les années passent, les victoires s'enchaînent, tandis que la vanité et l'arrogance du lutteur deviennent chaque jour plus insupportables. Lorsqu'un de ses jeunes apprentis est blessé par le maître Chin, Yuanjia défie ce dernier et n'hésite pas à le tuer. Cette "victoire" sera fatale aux deux êtres qu'il chérit le plus au monde : sa mère et sa fille. L'affiche américaine : Tout d'abord, bravo pour la traduction du titre, l'original étant "Huo Yuan Jia (Fearless)" ce qui aurait donné littéralement "Huo Yuan Jia (sans peur)" ce qui n'était pas terrible avouons-le.
"Le Maître d'armes" est un film narrant l'histoire du fondateur légendaire de l'école "Jangwu". Huo Yuanjia (1869-1910) est ainsi devenu une véritable icone dans l'inconscient collectif chinois. La première partie du film est dense en combats et nous détaille l'obsession de Huo Yuanjia à devenir à tout prix le champion de "Tianjin", son canton natal, négligeant par là même ses proches et son meilleur ami.
La seconde partie du film nous montre la lente et laborieuse reconstruction du héros conduisant à sa métamorphose totale. A titre de comparaison, la première partie tiendrait plus de "Blood sport" ou du "Grand tournoi" et la seconde correspondrait plutôt au "Dernier samouraï" dans son approche philosophique naturaliste du sens de la vie et du retour aux sources.
Le film est assez bien réalisé avec des scènes de combats fort bien chorégraphiées. Le casting est de taille avec la présence du septuple champion du monde de Kick-Boxing Jean-Claude Leuyer et le colosse de la WWF Nathan Jones (quel monstre par rapport au "petit" Jet Li !).
A ce propos, la disproportion des combattants dans cette scène m'a fait penser au combat mythique entre Bruce Lee et Karim Abdul Jabbar dans "Le jeu de la mort". De même, la scène où Huo Yuanjio fait monter les derniers volontaires au combat en même temps m'a rappelé une scène mythique de "La fureur de vaincre" où Bruce Lee se bat contre une vingtaine d'adversaires dans l'école ennemie.
En outre, Jet Li joue cette fois un vrai rôle d'acteur avec toutes les facettes et le panel d'émotions que cela implique et ne se cantonne pas à bastonner bêtement comme dans certains de ces premiers films. Seule petite déception, le sur-réalisme du combat au sommet de la tour de bois qui tient plus du fantastique que du kung-fu et qui tranche avec les autres duels, beaucoup plus réalistes.
De plus, au-delà des combats, ce film nous abreuve de messages pseudo-philosophiques mélés d'une noblesse respectable soit dit-en passant. En effet, ce film communique un véritable code moral salutaire du genre (à prononcer avec l'accent chinois) : "Qu'il soit ami ou adversaire, respecte l'autre, et l'autre te respecteras". Bien dans la lignée du confucianisme : "Ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerais pas qu'il te fît", puisqu'en effet la haine engendre la haine et que l'on se doit d'être plus fort que la haine (comme toute autre pulsion d'ailleurs).
A ce propos, j'ai bien aimé la scène du "tea time" entre les 2 grands-maîtres au sommet de leur art et futurs adversaires. On pouvait lire en filigrane une confrontation entre la philosophie chinoise (confucianisme) et la philosophie japonaise (budo), cette dernière devant finalement s'incliner devant la profondeur de la première (psychologiquement 1-0 pour Huo).
Donc, sans être dithyrambique, j'ai apprécié ce beau film sino-américain prônant l'amour universel, empreint d'énergie, de sagesse et d'émotion.