Trois jeunes randonneurs partent pour trois semaines de trekking dans le désert australien. Ils en profitent pour aller admirer Wolf Creek, un cratère causé par un météorite vieux de plusieurs milliers d'années. Cette nuit-là, ils retrouvent leur voiture en panne. Lorsque un autochtone leur propose de l'aide, ils se croient sauvés. Pourtant, le vrai cauchemar commence...Réalisé par
Greg McLean Avec
John Jarratt,
Nathan Phillips,
Cassandra MagrathAu commencement était un long métrage répondant au doux nom de
Wolf Creek, d'origine autraslienne, que je m'imaginais être un énième film de teens abordant la lycanthropie.
Une fois n'est pas coutume (et lorsque c'est répété régulièrement?), je me fourvoyais de façon princière, et ce malgré la réputation plutôt flatteuse (et ô combien méritée) dont cette oeuvre est auréolée...
Lorsque je me décidais, enfin, à la visionner, nonobstant mes réticences indéfectibles envers ce genre qu'est l'Horreur dans sa globalité (slaher, survival ou gore), s'en est suivi un épatement persistant. Un véritable délice visuel, un bijou filmique, une agréable surprise comme on en fait peu (ou plutôt: comme on m'en fait peu huhu).
Dès les premières minutes, j'étais happé par le réalisme émanant du long métrage, mettant un terme à ma défiance à ce qui s'apparentait à la version autraslienne d'un mix entre
La colline a des yeux et
Massacre à la Tronçonneuse, et ce malgré la banalité apparente de l'intrigue (les pérégrinations d'une bande de jeunes (à eux tout seul) au pays des Kangourous)...
L'une des caractéristique du film (et peut être l'une de ses principales qualités, n'en déplaise à certains), c'est qu'il prend son temps. Ainsi, l'action en elle même ne commencera qu'à partir de 30 minutes, le temps pour nous de faire connaissance avec nos trois compagnons de voyage, de les apprécier, de dicerner leurs forces et leurs faiblesses, de pénétrer leurs pensées, de nous imprégner d'eux, de devenir eux...
De ce fait, chaque coup porté à leur encontre nous fait mal (la scène des clous, par exemple), chaque mésaventure qu'ils traversent, nous la ressentons, allant jusqu'à rendre insoutenable certaines scènes prosaïques entrevues dans d'autres oeuvres...
Allongeant son temps, les morts se font rare, très rare, ne se comptant pas par dizaines, mais plutôt sur les doigts restants de la main d'un lépreux (ô quelle est belle...), chaque scène se proroge, étant donné qu'en parallèle, c'est notre boogieman en chef qui semble prendre un plaisir non feint...
Inquiétant, un brin écervellé, totalement psychopathe, il incarne l'anti Paul Hogan de
Crocodile Dundee. Calme et toujours un sourire au coin de la bouche, commettant des erreurs, parfois grossières, il en devient dérangeant car humain, extériorisant les pires vices de cette espèce, comme un miroir intérieur...
Quant à nos compagnons d'infortune, par le processus d'indentification explicité plus haut, ils s'éloignent des clichés habituels du genre, de ces êtres que nous désirons voir déchiquetés car ils ne mériteraient guère plus; là, si l'on préfère qu'ils les achèvent au plus tôt, c'est par respect pour eux, étant donné que nous savons ce qu'il retournera de cette fuite impossible...
Eux aussi multiplient les bévues, agissant par réflexe, succombant par instants à la peur, mettant de côté leur sang froid dans les instants cruciaux; certains penseront qu'ils dsont d'une intelligence douteuse, mais au fond, comment les juger alors que nous ne pouvons pas savoir comment nous réagirions en pareilles circonstances?..
Humains, c'est bien là leur problème...
Maîtrisant l'ensemble, la réalisation est des plus efficaces, alternant les plans rapprochés et vifs afin de mieux coller à nos héros; avec des plans larges, posés sublimant le paysage australien, renfonçant la dramatisation de certaines scènes (cf la fin). Succombant au réalisme, il n'hésite à faire de nous des voyeurs, lors de certaines scènes, nous offrant sur un plateau le point de vue d'une des héroïnes (c'est ainsi que le viol n'est que suggéré, l'amie détournant les yeux).
La tension est palpable et incessante, et malgré la facilité du scénario ou certaines invraissemblances (toutefois, le vrai n'est pas toujours vraisemblable...), c'est à un long métrage surprenant et des plus appréciables, auquel nous assistons...
Alors, amateurs de frénésies sanguignolantes et grand guignolesques, passez votre chemin, pour les autres, tentez l'expérience...
*Screugneugneu, je t'ai doublé TW
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