Réalisé par
Philip Davis Avec
Reece Dinsdale,
Richard Graham,
Perry Fenwick...
John, jeune flic ambitieux, est chargé d'infiltrer un gang d'hooligans afin d'identifier et de mettre en prison les meneurs. Cependant à force de fréquenter ces groupes de supporters, John prend le risque de basculer dans un univers de haine et d'ultraviolence. Voici un film d'origine britannique (daté de 1996), à ne pas confondre avec son homonyme (du moins en version française) sorti il y a peu sous nos écrans, qui requiert toute notre attention (et surtout la votre^^), tant il est remarquable.
Si le speech initial, semble nous indiquer qu'il s'agit ici d'un long métrage disséquant le milieu footballistique dans sa branche la plus extrême, les hooligans; il va en fait beaucoup plus loin, en prenant le parti de suivre la lente descente aux enfers d'un jeune policer ambitieux.
Ainsi, malgré un scénario en apparence classique mais très approfondi (une de ses grandes forces), exposant les étapes successives de l'intégration d'un hooligan au sein de ce qui s'apparentrait le plus à une communauté (nos compères fréquentent d'abord les différents pubs de la ville, puis celui qui fait office de QG, régulièrement afin de se faire connaître des gérants, puis débarquent un vendredi soir, assitent aux matchs et se lient d'amitié avec les membres des plus influents...).
Dans ce milieu pour le moins guerrier, où derrière chaque combattant semble se dissimuler l'amoureux d'un club avant tout, les épreuves destinées à démontrer sa bravoure au moment des hostilités sont relativement nombreux, et (ici) gradués (rixe dans un bar, escarmouche avec des suppoorters rivaux, mission de provocation dans les tribunes adverses, bataille rangée en infériorité numérique...), permettant de la sorte à l'agent infiltré de gravir un à un les héchelons de la hierarchie, s'affichant somme toute comme l'un des principaux leaders.
Mais parallèlement à cette ascension fulgurante (le montage est remarquablement judicieux), nous sommes les témoins privilégiés de sa déliquescence intérieure, notamment par le biais de la désagrégation de sa vie de couple (exemple le plus flagrant, elle en devient sommaire, jusqu'à une négation complète), notre (anti)héros semblant en perpétuelle quête d'identité, ne dissociant plus sa "couverture" de sa réelle personnalité, ne parvenant plus à distinguer ce que l'on appelle communément les "limites" (évolution là aussi, du regard que lui portent ses collègues), jusqu'à se perdre définitivement dans les limbes de l'autodestruction (alcoolisme, drogue, nazisme...), lors d'un final apocalyptique, avare en dialogues, mais parsemé de scènes impitoyables et orchestré de fort belle manière sur une musique originale.
Afin de mettre en scène ce tableau particulièrement sombre (atténué néanmoins par un humour tantôt
so british, tantôt franchement cynique), le réalisateur surprend, ne tombant pas dans le piège de la surenchère de violence (elle est utilisée avec parcimonie), mais préférant la suggestion (en cela, le film m'avait marqué à l'époque, par son traitement aux antipodes de celui de Romper Stomper, découvert en même temps); prenant le parti d'une oeuvre posée, composée essentiellement de plans moyens/américains, agrémentés de travelings pertinents, reniant les plans rapprochés (caméra à l'épaule) très en vogue à l'heure actuelle. De même, on peut noter l'utilisation récurrente, des effets de reflets par l'intermédiaire de plans miroirs, nous interrogeant perpétuellement sur l'identité du héros...
Evitant l'embûche du manichéisme, ce film incroyablement bien documenté et fouillé, est soutenu par une réalisation remarquable, mais avant tout par la prestation exemplaire de ses protagonistes, principalement Reece Dinsdale (excellent) qui compose une personnalité aux multiples facettes.
*Z'avez compris, regardez le absolument (malgré ses quelques invraissemblances), car il dépasse le cadre du film de "Hooligans"...
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