Synopsis : L'aînée de la famille impériale d'Autriche se voit contrainte à un mariage forcé avec le dauphin du trône de France afin de sceller una alliance entre les deux nations. Marie-Antoinette va alors se retrouver projetée vers une destinée pour laquelle elle n'est pas préparée...
Voilà, j'en reviens à peine et il faut immédiatement que je vienne vous en faire la chronik avant que l'enthousiasme et l'émerveillement ne m'ait quitté au petit matin grisatre de ma terne existence.
Il y a tant à dire sur le "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola qu'en plus de trouver mes mots pour qualifier les émotions que m'a procuré ce film, je vais devoir les restreindre et les organiser pour ne pas en faire 20 pages...
La première chose qui interpelle (choque, diront certains...), c'est le style résolument anachronique qu'à employer Sofia pour raconter son histoire... Toute la vie de Marie-Antoinette est ponctuée de musiques rock, pop et de menuets... Le comportement même ainsi que certaines réflexions semblent même directement sorti de notre millénaire...
Pourtant, l'ensemble conserve toute sa rigueur et sa cohérence...
C'est sans doute là, le pari le plus risqué et donc le plus réussi de ce film (outre le fait qu'une américaine vienne nous donner une leçon d'histoire...
).
En effet, Sofia manipule ici les extrêmes avec une rare virtuosité sans jamais tomber dans l'outrance ou l'incohérence : grandeur et décadence, misère et opulence, jeunesse et maturité, histoire et romance, menuet et musique pop...
Les acteurs sont excellents et Kirsten Dunst est tellement parfaite qu'on ne peut imaginer une autre actrice dans un tel rôle. Il faut avouer que son visage enfantin sied à merveille le propos du film et permet de faire passer Marie-Antoinette de l'enfance à la maturité sans une trace de maquillage.
Voilà pour ce qui est de la forme... Du grand art !
Maintenant en ce qui concerne le fond...
C'est encore mieux !!!
Ne cherchez pas les détails ou la véracité du moindre faits historiques... Là n'est pas le propos de Sofia Coppola.
Son intention n'a jamais été de faire un film historique sur la vie de Marie-Antoinette.
Cette histoire n'est qu'un prétexte à mettre à nouveau en scène un thème qui lui est cher et que l'on retrouve dans chacun de ses films : la difficulté d'être soi-même et d'évoluer dans une société qui n'est pas la sienne...
Et tout comme les filles de "Virgin Suicide", Marie-Antoinette qui n'est encore qu'une enfant lorsqu'elle est mariée à Louis-Auguste, va devoir se plier à des règles strictes et vivre son adolescence dans un univers qui n'est pas le sien.
Tout comme Charlotte dans "Lost in translation", Elle va devoir s'adapter à une culture et des usages qui ne sont pas les siens.
Marie-Antoinette va alors voir son enfance frivole et naïve s'enfoncer dans une frénésie de shopping et de boulimie, signe avant-coureur d'un état dépressif, puis atteindre enfin la maturité dans son rôle de femme et de mère. Malheureusement, à quel prix ?
Il est clair qu'un tel thème était de nature à m'interpeller et à m'émouvoir et je suis sorti de la salle avec la béatitude que l'on éprouve à la vue d'un film à la fois beau, triste et émouvant...
Reste un petit point noir malgré tous ces éloges : ce film présente quelques longueurs.
Si vous voulez un beau spectacle, filmé avec pas mal d'audace, une pointe d'espiéglerie, un soupçon de mélancolie et finalement, beaucoup de profondeur, courrez voir "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola !!!